Le Lean start-up, ou l’art de faire émerger des (bonnes) idées

06 DÉCEMBRE 2019

Avec le Lean start-up intégré comme méthode d’apprentissage dans un programme de formation en intrapreneuriat, emlyon business school insuffle aux grandes entreprises un management innovant de leurs projets en s’inspirant des préceptes qui font le succès des start-ups. Le groupe Kuehne + Nagel, l’un des leaders mondiaux des transports et de la logistique, a validé et testé ce mode d’apprentissage. Témoignages.

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Une confrontation directe au marché

Développer un concept disruptif ou un projet innovant ressemble souvent à un pari. Pour mettre toutes les chances de leur côté, emlyon business school propose aux entreprises une formation sur-mesure basée sur un concept que les grandes entreprises ont adopté depuis peu : le Lean start-up.

Arrivé des Etats-Unis en 2008 sous la plume du businessman de la Silicon Valley Eric Ries, le Lean start-up repose sur la notion de « produit minimum viable ». « A partir d’une idée de départ, la méthode Lean start-up consiste à formaliser ses hypothèses (problème traité, cible d’utilisateurs, risques associés…), puis les tester immédiatement, via des séries d’entretiens (« interviews »), et toute autre expérience pertinente. Une fois ces hypothèses validées, et fort des apprentissages de ces premières étapes, on s’oblige à tester le marché en lançant rapidement un prototype. Cette première version expérimentale évolue grâce aux retours des utilisateurs potentiels. A toute étape du projet, si on découvre qu’une hypothèse est invalide, on va faire « pivoter » le concept, c’est-à-dire l’adapter, l’ajuster voire changer le business model. Le processus se répète jusqu’à obtenir un résultat final pleinement en phase avec les attentes de sa cible », résume Benjamin Ewenczyk, expert à emlyon business school.

Le Lean start-up se différencie ainsi des approches managériales traditionnelles qui franchissent les étapes les unes après les autres avant chaque lancement : étude de marché, business plan, design, prototype, développement, etc. Toutes prennent du temps, parfois des mois, et le succès n’est pas garanti.    

Début 2019, le groupe Kuehne + Nagel a choisi emlyon business school pour le développement de son programme de potentiels et s’approprier le concept de Lean Start-up. « Le contenu de ce parcours de formation a été revu en parallèle de la mise en œuvre du nouveau plan stratégique de croissance de l’entreprise, en particulier en ce qui concerne le management de projets en interne. Le Lean start-up s’inscrit dans cette logique », confirme Frédérique Le Jariel, directrice des ressources humaines de Kuehne + Nagel. « L’objectif était de faire émerger des idées afin de mieux servir les clients en tenant compte de leurs nouvelles attentes, des capacités des collaborateurs en interne et de l’évolution technologique des marchés sur lesquels nous nous positionnons. »

Entre janvier et novembre, une équipe pédagogique d’emlyon business school a proposé huit sessions de formation réunissant douze collaborateurs de Kuehne + Nagel France, sélectionnés sur leur potentiel. Au programme, des modules théoriques comme la finance, le marketing, la relation client… « En parallèle, nous avons animé des ateliers pour que les participants appliquent les grands principes du Lean start-up dans l’élaboration et la gestion de trois projets internes, concrets, tournés vers l’innovation digitale et le service aux clients », complète Gilles Basset, chef de projet clients à emlyon business school.

Prochaine étape : évaluation par le Comex de Kuehne + Nagel

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Chacune des trois équipes bénéficiant du programme au sein de Kuehne + Nagel a confronté ses hypothèses de départ au contact des clients futurs. Les projets ont été testés, avant de « pivoter » pour certains. « Le Lean start-up autorise le droit à l’essai, à l’erreur. Ces « erreurs » sont des apprentissages indispensables, qu’il faut idéalement faire avant d’investir massivement dans un projet. », insiste Benjamin Ewenczyk. Une toute nouvelle façon de procéder pour le groupe Kuehne + Nagel : « Nous avions déjà testé le design thinking au sein de notre Kuehne + Nagel Academy*mais le lean start-up va plus loin, explique Frédérique Le Jariel. La méthode fait entrer les principes de l’entrepreneuriat au cœur de l’entreprise. »

La suite ? En mars prochain, les trois équipes, toujours coachées par emlyon business school, pitcheront leur travail devant le Comex de Kuehne + Nagel. Un moment crucial pour décider de l’avenir des projets (développement, incubation, etc.). Pour Gilles Basset, « Le Lean start-up est une méthode de management de projet la mieux adaptée dans un environnement qui bouge très vite. L’entreprise apprend beaucoup grâce à cette démarche. Elle permet d’accélérer le cycle de développement d’un projet en passant outre les procédures classiques. Le risque est diminué et l’investissement de départ moins élevé. Les participants deviennent des ambassadeurs de la démarche Lean Start-up ».

Un satisfecit partagé par Frédérique Le Jariel. « Tous les collaborateurs formés ont adhéré à la méthode. Le Lean start-up les implique totalement dans la gestion d’un projet de A à Z. Ils sortent de leur zone de confort, relèvent de nouveaux défis, réfléchissent à de nouvelles façons de manager des projets en interne ». Ils deviennent des « intrapreneurs », des maillons essentiels de la construction d’un projet.

* La Kuehne + Nagel Academy est un programme visant à former les cadres du groupe en interne afin de les faire monter en compétences et de renforcer le lien entre les business units et les services transversaux de l’entreprise (Ressources humaines, finance, marketing, etc.).